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Paul Klee (1879-1940)

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Publié le 17 janvier 2013
Série Abstraction

Dans ce podcast tourné en partie à l’extérieur, des éléments de la nature (rivière, arbre, …) ouvrent et closent le récit de Michel Giroud. Flot constant, courant continu qui au fil de l’écoute dévoile le portait d’un artiste complet : violoniste, écrivain, poète, enseignant. Une lecture extraite de ses cours et une analyse schématique de quinze tableaux sont les deux axes qui composent cette nouvelle évocation d’un artiste clé (Klee) des avant-gardes.

Michel Giroud et Eric Bernaud (réalisation)

 Paul Klee est-il un artiste d’avant-garde ?

 Oui et non d’abord il fut comme tous ses amis et certains nombre d’artistes européens censuré et considéré comme un artiste dégénéré dans la fameuse exposition des années 30 par le régime Nazi.

Dans ce sens là bien sûr, il fait partie des avant-gardes, de la mouvance expressionniste, du Blaue Reiter, du Bauhaus et de toutes les transformations qui ont lieu entre 1905 et 1940.

Klee meurt en 1940 et naît en 1879.

Klee est un explorateur de l’invisible on ne peut pas le cataloguer vraiment dans l’avant-garde même s’il a été exposé au Cabaret Voltaire. Ball l’estimait beaucoup il fut l’ami d’Arp, de Breton et de Miro et des surréalistes. Dans ce sens là Klee est un véritable transformateur on ne pourrait pas lui accoler l’étiquette futuriste ni en avant ni en arrière, il était vraiment pour une transformation complète, c’est-à-dire à la fois de l’oeil, du langage et du son.

Klee a une particularité : il est aussi violoniste, écrivain, poète, il a choisi de consacrer une grande partie de sa vie à l’art visuel, au dessin, à la gravure, à la lithographie, et bien sûr à la peinture et sans oublier son enseignement qu’il donna au Bauhaus pendant quelques années qui a donné lieu à deux énormes ouvrages : « La pensée créatrice » et « Histoire naturelle infinie » dont les publications en français malheureusement sont assez récentes. On ne connaît l’oeuvre pédagogique et théorique de Klee que depuis les années 1980 en France. Cela veut dire que peu nombreux sont ceux qui connaissent l’ampleur, la grandeur et l’analyse bouleversante que Klee peut faire au Bauhaus. A partir de son expérience de peintre, de poète et de musicien, il va élaborer un cours absolument exceptionnel. Ce qu’il a lui même appelé la formation de formes ou la transformation perpétuelle des formes ; son journal n’est publié que récemment, seulement dans les années 90 en France ainsi que son livre fondamental « Théorie de l’art moderne » publié deux fois d’abord chez Gonthier Denoël puis dans la série Folio des essais dans les années 2000.

Les cours du Bauhaus ont eu en français deux publications d’abord en deux gros volumes chez Dessein et Tolrat puis dans un volume plus réduit mais avec des fac-similés de son cours original en allemand avec sa traduction française.

Klee refuse à la fois le naturalisme, l’imitation, l’impressionnisme, le futurisme, comme l’abstraction géométrique, Klee n’est pas situable dans un camp ou dans un autre, il est dans la transmigration des formes, tout est forme et de la même manière, il n’envisage pas l’avenir ou le passé comme des concepts abstraits, l’avenir n’est pas demain et le passé n’est pas hier, nous sommes ces êtres humains vivants dans le cosmos ; c’est dans ce sens là que l’on peut dire qu’il est un explorateur de l’invisible par le moyen du visible et comme Klee était un poète, qu’il a écrit un remarquable journal traduit par Pierre Klossowski, ami et écrivain.

Klee a réalisé son ambition poïtique, son ambition verbale, sous la forme de tableaux.

Comme il réalise aussi son ambition de compositeur, d’orchestrateur, de violoniste et de musicien sous la forme des tableaux, il faut sans arrêt penser que Klee est un véritable musicien-penseur-poète visuel, sous la forme du visible, du silence du visible, il peut explorer et dire énormément de choses qui ne peuvent être dites dans l’art du temps. Klee ouvre un art tout à fait neuf, qui est un art de l’espace temps, on doit lire l’oeuvre de Klee, le tableau est à lire c’est une notation, une partition,

et c’est un poème visible.

Voici quelques extraits du cours de Paul Klee au Bauhaus dans les années 20 (6:05 à 8:26)

 « Grâce à mes dernières études sur la nature, je peux de nouveau me permettre d’aborder mon domaine de prédilection, celui de l’improvisation psychique liée dans le cas présent d’une façon toute à fait indirecte à une impression naturelle, je peux me permettre une fois encore de donner une forme à ce qui opprime l’âme, me permettre de prendre en notes les événements qui pourraient se transformer en formes linéaires même au cœur de la nuit, il existe là depuis longtemps une possibilité toute neuve de création qui avait été interrompue par une angoisse d’être coupé du monde ; Ainsi ma personnalité pourra s’exprimer dans toute sa pureté et s’évader avec le maximum de liberté. J’ai toujours considéré et cette opinion n’a fait que se renforcer avec le temps que ma tâche consistait à transmettre aux autres l’expérience que j’avais acquise dans le domaine de la mise en forme plastique des concepts abstraits : dessins et peintures et qui tournent autour du problème de la construction des pluralités en vue de l’unité. Cette expérience je vous la transmets soit sous forme de synthèse, c’est-à-dire que je vous montre mes œuvres, soit sous forme d’analyses, c’est-à-dire que je décompose mes œuvres selon leurs éléments essentiels, je vous cède mes œuvres afin que vous en fassiez des jouets et vous avez raison de détruire ces jouets pour examiner la manière dont il sont construits. En art nous avons à poursuivre le même but que dans la nature, mais nous ne sommes pas capables de nous libérer totalement de l’exemple que nous offre justement la nature, au niveau formel nous devons aboutir à un organisme en prenant comme symbole de ce que la nature crée cela revient à vouloir créer non pas quelque chose qui veuille lui faire concurrence mais quelque chose dont le message serait , c’est la même chose ici et là. »

 En effet ces quelques extraits sont presque des manifestes permanents de l’oeuvre de Klee et depuis 1910 / 1911 à sa mort en 1940 sous la forme des tableaux et sous la forme des cours car ils explicitent toute la production de Klee, c’est la phase analytique de sa production, le cours et la phase synthétique c’est la création, sous forme de tableaux , de dessins, de gravures, de lithographies, et aussi bien sûr précédemment de poèmes, et sous la forme de son journal entre 1900 et 191.

 Je vais maintenant donner quelques commentaires (9:24) pour une dizaine d’oeuvre choisies pour ce podcast de 1919 à 1940

 1 -Arbuste dans le taillis, 1919

Composition exclusivement à partir de la couleur, des résonances, des croissances de couleurs, que Klee reprendra vers 1938, sous la forme de sortes de compositions musicales.

 2- La pleine lune, 1919

Sans début ni fin. Art et nature sont mêlés inextricablement sous la direction profonde du moi dit Klee.

 3- images d’une ville, 1921

Ensemble coloré aux accents rouges et verts, ce sont des forces géométriques colorées, des triangles, des carrés, des pyramides, une combinatoire en échiquier, un ensemble d’ensembles.

 4- Paysages aux oiseaux jaunes, 1923

« On peut prendre un tableau pour un rêve » dit Klee ; c’est du fantastique très précis, des évocations d’orient, des constructions oniriques et imaginaires : des fleurs, un astre, des oiseaux, des arbres, des plantes, un véritable poème visible et énigmatique.

 5- Sonorités anciennes, 1925

Une abstraction sur fond noir, une structure rythmique de carrés. Ma main est toute entière l’instrument d’une volonté lointaine, c’est un art de niveau supérieur dit-il poésie, peinture, musique.

On pourrait reprendre la formule de Schwitters : « Poésure et peintrie », raison résonance, règle floraison, magie, combinatoire transfinies

 6 Pastorale, 1927

Parmi une série de 25 panneaux, une partition graphique, chorégraphique, une sorte de notation pour une musique intérieure et imaginaire, un concert polyphonique que chacun peut inventer selon son désir, des broderies verbales, sonores et gestuelles, partitions d’un musicien et d’un poète qui a choisi le visible, la peinture et le dessin est maintenue aussi lâche que possible.

 7- Route principale et route secondaire , 1929

Je peins un paysage à peu près comme je peins le regard qui vient des montagnes lointaines de la vallée des rois jusque dans es terres fertiles, la polyphonie entre le fonds et l’atmosphère, c’est un ordre, une forme, se résolvant en poésie.

 8- Avant la neige, 1929

Il s’agit là d’ordonner le mouvement, l’espace intérieur du poète, je regarde dehors et l’arbre pousse en moi dit son ami Rilke. Formation de formes. Transformation de formes.

 9- Livre ouvert, 1930

C’est le livre dans le livre dans le livre … une interpénétration des pluralités polyphoniques avec au centre, un triangle et des carrés, ou des lettres, des formes possibles de l’être déjà un poème concret !

 10 – Carrés au rythme ternaire, 1930

Polyrythmie par imbrication des carrés, échiquier dynamique, ouvert, irrégulier, polyphonie et fugue. Charme de l’augmentation et de la diminution dira-t-il

 11- Floraison, 1934

Variation des carrés magiques, un tableau de nuances, des gradations irrégulières

 12- Coup d’archet héroïque, 1938

Hommage à un ami violoniste Adolphe Busch (1891-1952), Klee a toujours été un violoniste, il jouait aussi bien de la musique classique (Beethoven) que de la musique moderne.

13- Chant d’amour à la nouvelle lune, 1929

des schémas, un débordement, et des métamorphoses,.

 14- Enlacement, 1939

Une simplification extrême

 15- Façades de verre, 1940

Comme une série de fugues, une méditation et carrés magiques, à chacun d’interpréter et de jouer selon sa fantaisie

 Les titres de Klee que nous avons lus font toujours référence à un univers naturel, extérieur, c’est pour ne pas se perdre dans l’abstraction formaliste, il y échappe car trop talentueuse et intellectuelle . Il refuse le naturalisme ou réalisme descriptif, c’est une véritable construction poïétique.

 Bibliographie : ouvrages disponibles à la médiathèque :

 Culture maths [Texte imprimé] / choix d’articles de la revue « Tangente ». – Ed. du Seuil, DL 2008. – (Science ouverte)
ISBN 978-2-02-097192-8 : 20 EUR

Cursif. [Texte imprimé]. 1, Le dessin dans tous ses états / Patrick Descamps ; Savine Faupin ; Mâkhi Xenakis. – Analogues, 2011
ISBN 978-2-35864-029-9 : 19.00 EUR
* Titre général : Cursif ; 1

Documents [Texte imprimé] : Doctrines, archéologie, beaux-arts, éthnographie : Année 1929 / préf. de Denis Hollier. – J.-M. Place, 1991. – (Les Cahiers de Gradhiva ; 19)
ISBN 2-85893-146-1 : 750 F

Ecrits sur l’art et le spectacle [texte imprimé] : Peinture/Sculpture, Photographie/cinéma, Musique / Ballet / Théâtre, Chanson / Music-hall / Cirque / René Crevel. – Ombres, 2011. – (Petite bibliothèque Ombres)
ISBN 978-2-84142-193-0 : 10,00 eur

En rythme [Texte imprimé] : Paul Klee / Sophie Curtil. – Centre Georges Pompidou, 1993. – (L’Art en jeu)
ISBN 2-85850-715-5 : 80 F.

L’Europe des esprits ou La fascination pour l’occulte, 1750-1950 [Texte imprimé] : exposition, Strasbourg, Musée d’art moderne et contemporain, du 7 octobre 2011 au 12 février 2012 / avec les contributions de Daniel Bornemann, Michel Draguet, Annie Le Brun et al. – Musées de Strasbourg, 2011
ISBN 978-2-35125-092-1 : 48.00 EUR

Graphic’arts [Texte imprimé] : Repertoire graphique / sous la dir. de Sophie et Gaëtan Duprey. – Acces, 2007
ISBN 978-2-916662-00-8 : 55,00 eur

Images de pensée [Texte imprimé] / Marie-Haude Caraës, Nicole Marchand-Zanartu. – RNM, impr. 2011
ISBN 978-2-7118-5804-0 : 29 EUR

Klee [texte imprimé] / Christophe Badoux. – La Joie de lire, 2008
ISBN 978-2-88258-458-8

Paul Klee [DVD] : le silence de l’ange / Michaël Gaumnitz, réal. – Arte France développement [éd., distrib], cop. 2005

Paul Klee [Texte imprimé] / Will Grohmann ; Lucienne Netter. – Ars Mundi, cop. 1985
ISBN 2-86901-007-9

Paul Klee [Texte imprimé] : 1879-1940 / Susanna Partsch ; Geneviève Lohr. – B. Taschen, cop. 1993. – (La Petite collection ; 18)
ISBN 3-8228-0510-6 : 50 F.

Paul Klee [Texte imprimé] : l’explorateur de l’invisible / Eloi Rousseau. – Ed. Palette, 2011. – (L’art & la manière)
ISBN 978-2-35832-068-9 : 18.00 EUR

Paul Klee [Texte imprimé] : analyse sémiotique de trois peintures / Félix Thurlemann. – l’âge d’homme, 1982

Paul Klee [Texte imprimé] : marionnettes / Zentrum Paul Klee. – Hatje Cantz, cop. 2006
ISBN 978-3-7757-1741-0. -ISBN 3-7757-1741-2

Paul Klee [texte imprimé] : Späte Abeite Arbeiten 1934 – 1940 / Erich Franz. – Kunsthalle, 1978

Paul Klee, 1879-1940, polyphonies [Texte imprimé] : [exposition, Paris, Musée de la musique, 18 octobre 2011-15 janvier 2012] / [catalogue par Marcella Lista, Beate Schlichenmaier, Eric de Visscher, et al.]. – Cité de la musique : Actes Sud, impr. 2011
ISBN 978-2-330-00053-0 : 45 EUR

Paul Klee – chemins de regards
ISBN 2-86636-307-8
(Cédérom).

Le pays fertile [texte imprimé] : Paul Klee / Pierre Boulez. – Editions Gallimard, 1989
ISBN 978-2-07-012107-6 : 30 eur

Théorie de l’art moderne [Texte imprimé] / Paul Klee. – Denoël : Gonthier, 1971. – (Bibliothèque Médiations ; 19)
6,30 F

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