ART /

Pandinus Dictator

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Caroline Delieutraz

2017

Pandinus Dictator porte sur les flux invisibles globalisés. Partant d’une news diffusée en boucle sur France Info, l’artiste s’intéresse à des scorpions menacés d’extinction, objets d’un trafic international.
Pandinus Dictator est construit autour la saisie aux douanes de Roissy de 119 scorpions de l’espèce protégée.
Pandinus Dictator, réputée toxique et très recherchée par les collectionneurs.


C’est l’univers des collectionneurs, amateurs et spécialistes de scorpions que Caroline Delieutraz explore dans une vidéo en forme de navigation Internet. Comme fil rouge de la vidéo, le making-of de ses prises de vue photographique montre une main anonyme placer les scorpions afin de les rendre photogéniques. Un geste qui renvoie à la fabrication et à la manipulation des images. Selon sa méthode de prédilection, l’artiste associe ce making-of à des échanges tirés de forums ainsi qu’à des images amateurs et publicitaires. Les images qu’elle produit sont ainsi réinjectées dans le flux. Elle les fait également circuler sur des smartphones retenus dans des filets à bagage, rappelant la prise des scorpions, la toile des arachnides ou la grille du viseur de l’appareil photo. Entre répulsion et désir de posséder, cette capture symbolique à travers la photographie met en lumière les rapports de pouvoirs qui se tissent dans la circulation des images, et leur influence, quasi subliminale, sur nos aspirations.

Œuvre acquise avec le soutien de la DRAC Bourgogne /Franche -Comté.

Caroline Delieutraz vit et travaille à Paris, elle est représentée par la galerie 22,48 m².
Caroline Delieutraz joue le rôle d’un bébé dans un film d’horreur à l’âge de deux ans. Dans son travail, elle explore la manière dont Internet agit sur le réel. Ses pièces débutent souvent par des enquêtes sur des phénomènes ayant des implications à la fois en ligne et hors ligne, comme le trafic d’une espèce menacée de scorpions vivants, les pratiques vernaculaires qui se développent sur les réseaux sociaux ou encore l’émergence de la figure inquiétante du troll d’Internet. Refusant de se prononcer sur le devenir (utopique ou dystopique) du Web, l’artiste lui emprunte la culture de la collaboration et du DIY. Elle rejoue le contraste qui règne sur la toile, où se mêlent images parfaitement lisses et montages bruts, manipulation des foules et valorisation de l’authenticité. À rebours de la frénésie des flux cependant, l’artiste accorde une grande place à l’attention des spectateurs, privilégiant des pièces concises mais généreuses dans l’expérience proposée. La matérialité y est très présente, à travers une réalisation toujours rigoureuse, même dans une esthétique punk. Le travail de Caroline Delieutraz en appelle également au corps du spectateur, via le selfie ou l’ASMR. Ses œuvres prennent une dimension contextuelle lorsque, exploitant les ressources des réseaux sociaux, elles créent un système d’échanges et d’interactions entre individus. Par ces échanges, ainsi que par ses enquêtes et collaborations, Caroline Delieutraz questionne le quantitatif et fait surgir du corps et de la substance dans ce qui est, sinon, balayé par le flux. Géraldine Miquelot, commissaire d’exposition indépendante


En savoir plus

Site web de l’artiste
https://www.delieutraz.net/fr/


Document(s) à télécharger

Fiche pédagogique en cours de rédaction