Hadaly et Sowana, cyborgs et sorcières
Commissariat : Cécile Babiole
du 12 octobre 2019 au 25 janvier 2020
L’exposition Hadaly et Sowana, Cyborgs et sorcières propose une relecture contemporaine de l’Ève future.
L’Ève future, roman fantastique de l’écrivain français Auguste de Villiers de L’Isle-Adam, publié en 1886, raconte comment, pour aider son ami amoureux d’une cantatrice très belle mais très sotte, l’ingénieur Edison(1) fabrique de toutes pièces un double artificiel, Hadaly, une andréide(2), bien supérieure à la femme réelle. Pour donner une âme à l’andréide, Edison fait appel à Sowana, une voyante dotée d’un fluide surnaturel.
L’exposition se réapproprie la thématique de la technologie conçue comme à la fois rationnelle et magique, et substitue une vision élargie et non stéréotypée à celle misogyne du roman. La technologie n’est pas seulement l’apanage de génies mécanistes masculins qui recréent les femmes (naturellement défectueuses) selon leurs fantasmes, mais aussi un ensemble de savoirs et de pratiques partagé par les femmes (sorcières, sages-femmes, guérisseuses, etc) et mis au service de la survie et du soin de la communauté depuis toujours.
Nourrie par le Manifeste cyborg(3) de la philosophe Donna Haraway qui dépasse les binarismes et rejette les frontières entre vivant et machine, également inspirée par l’écoféminisme de Starhawk(4) qui régénère le concept de terre-mère vivante et sacrée, l’exposition réunit des artistes qui questionnent les technologies au sens large et leur rapport au corps.
Ces artistes, Annie Abrahams, Caroline Delieutraz, Camille Ducellier, Lynn Hershman Leeson, Kaori Kinoshita et Alain Della Negra, Albertine Meunier, Julie Morel, Aniara Rodado, Tabita Rezaire, Christine Tamblyn, Suzanne Treister, Stéphane Degoutin, Agathe Joubert, Lola Perez-Guettier et Gwenola Wagon réinventent les figures de la cyborg ou de la sorcière, comme autant de symboles de puissance, de résistance, d’ironie et d’utopie.
Autour de l’exposition :
Dimanche 19 fevrier à 17h rencontre avec Cécile Babiole, commissaire de l’exposition + projection
Donna Haraway: Story Telling for Earthly Survival de Fabrizio Terranova(81′)
Le réalisateur Fabrizio Terranova a rencontré Donna Haraway chez elle en Californie. À partir de discussions complices sur ses recherches et sa pensée foisonnante, il a construit un portrait cinématographique singulier qui immerge le spectateur dans un monde où la frontière entre la science-fiction et la réalité se trouble. Le film tente de déceler une pensée en mouvement, mêlant récits, images d’archives et fabulation dans la forêt californienne.
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1 Thomas Alva Edison, (1847-1931) est un ingénieur américain, pionnier de l’électricité et auteur de nombreuses inventions comme celle du phonographe.
2 Ce roman est le premier à avoir utilisé le mot « androïde » (ou andréide) dans son acception actuelle.
3 Le Manifeste cyborg (A Cyborg Manifesto) est un essai féministe de Dona Haraway publié en 1984
4 Starhawk dans Rêver l’obscur, Femmes magie et politique (1982) définit l’écoféminisme : mouvement d’idées et mobilisations politiques qui entrelacent enjeux environnementaux et féministes.
Vernissage le samedi 12 octobre à 17h à l’Espace multimédia Gantner, en présence de certains artistes.
Hadaly & Sowana, Cyborgs et Sorcières from espace multimedia gantner