Pipi caca bia né au XIX° siècle, 1879 et meurt en 1953 : il a plusieurs vies : étonnant Picabia !
Sa première vie : le post-impressionnisme
Dès l’âge de 23/26 ans, il rencontre Pissaro, il va produire quelques centaine, on dit même un millier de toiles post-impressionnistes jusque vers 1908; 9 10 où il est un peu lassé par cette machine à produire, qui marche bien d’ailleurs : il devient riche de part sa peinture; puis une seconde vie commence du peintre Picabia qui transforme les formes déjà vers 1909.
Puis c’est la rencontre avec Marcel Duchamp dans les années 12/13 : c’est le troisième Picabia qui se révèle , le Picabia dada il est déjà en plein dans dada avant même que dada naisse puisqu’ils sont déjà en relation avec Satie et tout le cercle autour du Chat noir, de la déconstruction complète , dans le son, le mot, le visuel, le dessin : c’est le début du grand fou-rire.
De 1915, 16, 17 18 de dada à sa mort n’arrêtera pas son propre combat dada vers la transformation permanente des attitudes en d’autres attitudes : picabia n’a jamais gardé le rail, il a toujours bifurqué, à contre champ, à contre courant, jamais d’accord avec lui-même, jamais d’accord avec ses amis.
D’ailleurs il s’appelle Funny gay, un drôle de loustic, rastaquouère, idiot, l’intoxiqué, cannibale, loustic et raté en fait Picabia homo ludens. Picabia ne veut pas s’ennuyer : il utilise absolument tous les moyens comme il était tr ès doué pour le dessin incompris pour le dessin académique incompris pour la peinture impressionniste et post impressionniste il était capable d’imiter, de reprendre, absolument tout ce qu’il voulait.
Picabia va décider entre 1920 et 1950 de s’écarteler complètement, il va rendre hommage par ses tableaux mécaniques au dessin industriel, à tout ce qui est technique, tout ce qu’il méprisait par l’académie, par l’art, par le cubisme. C’est-à-dire cet énorme amas de dessins techniques, de dessins utilitaires, mécaniques ; Picabia va leur redonner une nouvelle vitalité : on les verra en tant que tels : dessin d’hélices, d’avion, de bateaux, c’est les début de l’ère industrielle , l’ère mécanique. Il voit bien qu’il y a là, un terreau, un territoire, inexploré, immense, et pourquoi l’art ne s’en servirait-il pas ?
Mais il ne se contente pas d’utiliser le dessin technique, industriel, il va aussi pour se moquer utiliser le dessin académique, quand il fera sa série d’espagnols ; ce ne sont pas de faux Ingres. Il est capable de faire des dessins très précis, on voit bien le traitement de ce dessin précis, il le traite exactement comme les dessins mécaniques : pourquoi, ne pas utiliser l’académisme comme possibilité, comme autre possibilité de l’art, pourquoi l’art devrait-il avoir des frontières, se permettre de s’arrêter sur tel chemin : tous les chemins sont bons, il n’ y a pas un seul chemin qui ne soit pas bon. C’est là la pensée fondamentale de Picabia : il va le prouver rapidement en utilisant les années 30, 40, 50, les dessins, les photos qu’il va reprendre, qu’il va transformer en tableaux des revues érotiques, Paris Flirt, Paris Magazine, Strip Tease, il va utiliser tous le corpus populaire, du kiosque de gare, ce qui était vu à l’époque comme une esthétique moche il utilise l’ensemble de la palette qu’il a sous les yeux. Mais tout ça ne le satisfait pas non plus. Ça ne suffit pas.
Dans les années 20, en 1917/18 : il fonde sa propre revue : 391 dont il fera une dernière version dans les années 50, 491. une revue formidable, où sont invités ici tous ses amis, sous forme de poèmes, de dessins, de textes, pour dire aussi la vie de l’instant, la vie des instantanés, la vie du spontané : c’est une sorte de journal : polémique, en faveur de tout ce qui est vivant, contre toutes les formes d’ideologies, contre tous les « ismes », Picabia les déteste : il est capable de se fâcher avec ses amis quand il s’enfonce sur un rail.
Picabia est sans cesse dans sa propre contradiction, mais le visuel ne lui suffit pas, il écrit, quand il est déprimé, il se met à écrire. Son œuvre écrite, poétique représente un fort volume aujourd’hui d’au moins 400 pages, peu connu.
Avec ses complices, Man Ray et Duchamp, surtout avec Duchamp et Satie, il va s’embarquer dans les années 20, en 1924 , à mettre en scène, en forme, un ballet conçu par Eric Satie : Relâche : il décide de d’un entracte.