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MCD #77 : La politique de l’art

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LA POLITIQUE DE L’ART

Puisqu’il paraît que la politique est un art, intéressons-nous à la politique de l’art. Ou plutôt aux rapports troubles entre l’art et la politique, le politique, les politiques… En d’autres termes,aux intentions et implications des artistes dans le champ social. Une implication qui se fait parfois au plus près de la vie quotidienne, avec une abnégation d’établi, ou au contraire, en se situant au-delà des radars, dans les limbes de réflexions abstraites ; ou bien encore en maniant protestation symbolique et détournement ludique, en combinant des expériences esthétiques à des logiques technologiques, en mêlant histoire personnelle et collective…En ce début de siècle numérique, où les seules idéologies qui perdurent sont mortifères, comment ne pas re-poser le questionnement sur l’art engagé. Difficile cependant de ne pas mesurer cette interrogation à l’aune des flamboyantes années 70s porteuses d’un militantisme échevelé où tout semblait encore possible, puis aux années 80s, fossoyeuses des utopies collectives au “profit” d’un individualisme et d’un matérialisme de plomb. Pour autant, après ce “grand cauchemar”, on a vu se profiler “un nouvel art de militer”, avec des modalités d’actions plus directes, plus ludiques et plus artistiques. Même si “nos amis” ne désespèrent pas, finalement, aujourd’hui, la seule révolution en acte c’est la “révolution électronique”. Pour le reste, pour tout le reste, nous sommes passés de l’offensive à la défensive. Nous défendons des acquis, des droits, des zones… Certes, la politique est toujours une guerre, sociale, en l’occurrence, mais le combat se fait de moins en moins frontalement. C’est une guerre en mouvement, une guerre des flux. Le théâtre des opérations s’est déplacé, prolongé, dans le virtuel, entre simulacre et réalité parfois. À l’image de notre monde technicisé. La politique — polis(cité) et technê (science) — n’a jamais si bien porté son nom.La “constellation” des analyses et portraits proposés dans ce numéro témoigne de cette “trans-figuration du politique”. Et l’on constate qu’à la fameuse question de la deuxième moitié du 20èmesiècle — comment faire de la poésie après les mille soleils d’Hiroshima et la nuit des camps ? — se superposent désormais des questions d’ordre tactique — comment exister et créer dans un monde numérisé ? —, s’élaborent des stratégies de résistance face au Léviathan électronique qui étend sa surveillance, son “hyper-contrôle”, sur l’ensemble de la société. De ce point de vue, l’artiste n’est vraiment qu’un citoyen comme un autre…

LAURENT DIOUF

RÉDACTEUR EN CHEF

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