Festival des arts électroniques – Rennes 28 mai / 5 juin 1988
L’électronique sert à la vitesse, au classement, au chiffre, à la miniaturisation, à la transmission, à l’affichage, à l’archive, au contrôle, à l’obéissance, au calcul, au fichage; bref, l’électronique, c’est des fonctions.
L’art, non. L’art est inutile et scandaleux, est un défi, une L’art électronique est donc une contradiction. Une recherche. incartade; l’art initie, nombre, non chiffre, jamais fichage. Nous verrons des tentatives. Des objets pour communiquer, pour faire respirer la ville, pour faire rêver, pour décider de la beauté des choses. Nous verrons des images nouvelles comme si la représentation de l’aventure humaine cherchait encore une expression élémentaire.
Nous verrons l’hologramme ou le spectre piloté.
Nous verrons des fleuves de lumière et des satellites qui dessinent.
Nous verrons des rossignols captés et des cyclistes musicaux.
Nous verrons des urgences inutiles et des affects numérisés.
Que dans chacun de ces événements, le spectateur qui passe perçoive à travers le plaisir proposé ce début de réconciliation qui s’opère, l’artiste donnant aux techniques cette vocation nouvelle et peut-être essentielle : que dans des beautés inattendues le 21e siècle trouve des chemins neufs. C’est peut-être histoire de survivre, de vivre, d ’aller vers ce pari encore tenu qu’on a appelé l’humanité.
Pierre DEBAUCHE