Trahir la place est une installation sonore diffusant en quadriphonie des enregistrements sonores captés le 9 mars 2011 sur la place Tahrir au Caire, pendant la révolution égyptienne. A ce moment, la place / rond-point est occupée depuis le 25 janvier par les manifestants qui militent entre autres pour la démocratie et la fin de l’Etat policier.
Dans la journée, la place est assaillie par les réactionnaires qui réclament leur départ, afin que le trafic automobile et les affaires reprennent. La population est emmenée par des baltaguias, des hommes de main du régime qui est en train de s’effondrer. L’armée laissera faire, tout comme les jours précédents, où elle avait assisté sans réagir aux attaques et tueries survenues en marge des manifestations.
Dans la nuit, l’armée prendra le contrôle du rond-point, évacuera les tentes dévastées, et tiendra les témoins à distance, interdisant à quiconque de prendre des photos.
Dès lors qu’on la vide de son cœur et que la révolution bascule, la narration se dissout. Ne restent que quelques voix capte?es a? la de?rive dans les alentours de la place Tahrir et, deux jours plus tard, à Alexandrie.
Stéphane Montavon (1977-) et un poète et artiste sonore. Il parcourt le monde pour réaliser des enregistrements de terrains de situations aussi bien quotidiennes que de crises, puis y ré-implante des archives sonores et spatialise le tout afin de créer des pièces quadriphonique de cinéma pour l’oreille, des performances in-situ ou des textes. Ses oeuvres explorent la discrépance entre audition et vision, questionne le concept de paysage et poursuivent cet objet infiniment fuyant qu’est la voix. Avec Antoine Chessex (1980-) – compositeur, saxophoniste, performeur et musicien expérimental suisse – et Gilles Lepore (1972-) – réalisateur, auteur de bande dessinée et illustrateur franco-italien – ils coréalisent le projet l’Appeau, une série de quatre pièces sonores et filmiques dont Trahir la place fait partie.
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Site web de Stéphane Montavon :
re-implant.blogspot.fr